La Donna del Lago au Royal Opera House

Acrobaties vocales pour un duo de choc

Joyce di Donato et Juan Diego Florez
Photo ROH © Bill Cooper  
20 mai 2013: une très grande soirée de chant pour cette représentation de la Donna del Lago de Rossini au Royal Opera House de Londres. 

Juan Diego Flórez est inouï du début à la fin et libère sa voix avec une aisance déconcertante. La perfection des aigus, le velouté et le volume de la voix, tout est renversant, et il reste définitivement inégalable. L’aria où le ténor met en valeur tout son éclat vocal pour déclarer son amour à Elena est absolument déchirant. 
Joyce di Donato est une Dame du Lac radieuse au chant magnifique et maîtrisé, avec une grâce et une beauté incomparables dans le déploiement de ses trilles et vocalises. Elle aussi est exceptionnelle dans le paysage des artistes actuelles.

Photo ROH © Bill Cooper  
On peut avancer que c’est une vraie performance sportive pour ces deux chanteurs. Ils avaient d’ailleurs déclaré auparavant à la presse toute la difficulté d’interpréter ces rôles exigeants techniquement. Même avec un chanteur bel cantiste d’exception à ses côtés et beaucoup de pratique, la mezzo soprano américaine estime que c’est le défi d’une vie: «Quand vous êtes sur scène et que vous devez chanter ces notes incroyablement difficiles dans le silence exaltant du public et tous les regards tournés vers vous, c’est comme aller chercher la médaille d’or aux Jeux Olympiques !»

De son côté, Juan Diego Flórez, reconnu pour son exceptionnelle tessiture vocale, a déclaré que ces envolées lyriques d’un soir ne sont jamais faciles: «Tout cela est difficile. J’ai chanté cet opéra de nombreuses fois mais il est encore pour moi un immense défi».

Photo ROH © Bill Cooper  
Ils remportent un immense triomphe après trois heures de virtuosité dont les points culminants incluent un duo exquis pour les deux mezzo-sopranos et un trio étonnant pour deux ténors et mezzo. Dans le rôle de Malcolm, la mezzo-soprano Daniela Barcellona nous offre de magnifiques arias avec une grande solidité et séduction du chant. Le jeune chef italien Michele Mariotti est tout simplement prodigieux dans cet opéra de Rossini, répertoire où il excelle désormais sur les plus grandes places lyriques, à 34 ans.

Photo ROH © Bill Cooper  
Il n’est pas aisé de décrypter toutes les intentions de la mise en scène de John Fulljames car certains éléments ne sont pas toujours lisibles et excessivement sombres. 
A l’ouverture de l’opéra, son idée est de présenter les personnages dans des vitrines de musée dans lesquelles ils retourneront une fois l’histoire racontée. L’action se situe dans un château écossais avec paysage et lac au loin. 


Photo ROH © Bill Cooper  
De la somptueuse introduction musicale, on retiendra la belle image poétique d'Elvira, la Dame du Lac, endormie dans sa vitrine, comme suspendue dans l’air. Plus tard, l'interprétation de "Fra il padre" par Joyce di Donato sera sublime.
Juan Diego Flórez incarne Uberto, roi d'Ecosse autoritaire dont la carapace d'acier se fendille au contact de la belle Dame du Lac. Le ténor met techniquement beaucoup d'ardeur à ouvrir son cœur dans des arias magnifiques. Il viendra saluer vêtu d’un imposant costume kitsch irrésistible !

On ressort heureux et enchanté par ce superbe opéra, rarement joué et rarement aussi bien chanté que ce soir. Et comme à chaque grand soir au Royal Opera House, le public tambourina longtemps le plancher pour manifester sa joie.


Fin de représentation de La Donna del Lago au Royal Opera House
Extrait de La Donna del Lago
Joyce di Donato chante "Fra il padre"



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