Diana Damrau

Lady D, reine de la nuit

Diana Damrau ©Tanja Niemann
23 juillet 2013: La soprano allemande Diana Damrau vient de chanter Lucia di Lammermoor à Munich en version concert, avec le ténor maltais Joseph Calleja à ses côtés. Depuis 2008 à New York -sa première fois au Metropolitan Opera-, l’un des plus grands sopranos actuels interprète ce rôle avec maîtrise et conviction. 
Le 10 juillet dernier, deux minutes d’applaudissements enthousiastes ont salué sa somptuosité vocale dans le fameux air de la folie.

Un timbre irradiant de séduction
J’adore cette cantatrice aussi lumineuse que son chant. La diva au regard pastille de menthe est une personnalité dont la bonne humeur et le plaisir de chanter inspirent un ravissement instantané. Son pianissimo aérien suivi d’une attaque dramatique des notes suraiguës provoque un coup au cœur imprégné d’une belle émotion. Diana Damrau est une colorature qui s’épanouit en Reine de la nuit - le supplice vocale des sopranos - grâce à ses prouesses pyrotechniques. Epanouie est d’ailleurs le mot qui lui convient bien sur tous les plans.

Reine de la nuit dans 
La Flûte Enchantée de Mozart ©dpa
Dotée d’une énergie prodigieuse, Diana Damrau a souvent brillé en Reine de Nuit (La Flûte Enchantée de Mozart), précisément dans plus de quinze productions. Elle devra d’ailleurs se détacher de son emprise pour se consacrer à d’autres rôles car "à ce niveau-là, c’est comme un athlète. La Reine de la nuit nécessite la tessiture que l’on sait mais également beaucoup de puissance" dit-elle. A tel point, que l’énergie démoniaque exigée rendait alors difficile la coexistence d’autres partitions.

Diana Damrau et Juan Diego Florez
Le Comte Ory ©Marty Sohl/Metropolitan Opera
Toujours avec la même évidence et le même naturel, elle s’est imposée en quelques années dans les rôles mettant en valeur sa virtuosité et sa musicalité: délicate Sophie du Chevalier à la Rose (Strauss), Comtesse Adèle déjantée du Comte Ory (Rossini) ou Gilda tout en douceur et poésie dans Rigoletto (Verdi). Lors d'une même représentation au Bayerische Staatsoper en 2011, elle incarne Olympia, Antonia et Giulietta, trois rôles des Contes d'Hoffmann. Elle y déploie une palette de couleurs subtiles pour les trois femmes d’Hoffmann. Elle est également Elvira (I Puritani), Manon, Donna Anna (Don Giovanni).

La Traviata - ©Ken Howard / Metropolitan Opera
Plus récemment, elle a interprété une émouvante Violetta pour la première fois de sa carrière. "C’est un rêve. Je suis enfin prête" dit-elle de La Traviata qu’elle a refusée il y a quelques années, le temps que sa voix gagne en consistance "ce que la grossesse a facilité". Elle devient attendrissante quand on apprend que son destin lyrique est bâti sur un rêve d’enfant. Lorsqu'elle a 12 ans, ses parents sont absents et elle allume par hasard la télévision sur La Traviata de Franco Zeffirelli. "J’ai vu ces costumes, ces décors, puis Teresa Stratas qui marche dans son palais, très marquée par la maladie. A la fin j’ai pleuré, ça a été le déclic".
Après New York, Zurich, Londres et Milan, c’est à l'Opéra de Paris que nous découvrirons sa Violetta dans la nouvelle production de juin 2014 confiée à Benoît Jacquot. 

On la retrouve backstage comme sur scène : pétillante, rieuse et simple. A la sortie de Linda di Chamounix au Liceu de Barcelone, elle s’excuse presque d’un dernier aigu un peu raide alors qu’elle vient de nous emporter dans la stratosphère avec son compagnon de jeu, Juan Diego Flórez. Elle partage d’ailleurs avec celui-ci une modestie à faire rougir bien d’autres artistes plus talentueux dans les médias que sur scène.

Jamais ennuyeuse et en progrès constants, chaque apparition de Diana Damrau est un délice doux et raffiné grâce à son timbre irradiant de séduction. Le grain de folie de son trio d’anthologie avec Juan Diego Flórez et Joyce di Donato dans Le Comte Ory (Rossini) au Metropolitan Opera en 2011 est une pure merveille de bel canto et de plaisir du jeu.

Reine de la nuit (Salzbourg 2006)

Le Comte Ory (Metropolitan Opera 2011)



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