Orfeo ed Euridice à l’Opéra Royal de Versailles

Franco Fagioli met les dieux à ses pieds

Franco Fagioli, Laurence Equilbey, Emmanuelle de Negri
et Malin Hartelius à l'Opéra Royal de Versailles
10 novembre 2013 : Lors de la version de concert d’Orfeo ed Euridice de Gluck, la beauté du chant de Franco Fagioli a ému les dieux, les enfers et le public de l’Opéra Royal de Versailles. 
Le contre-ténor argentin est impressionnant. Aussi à l’aise dans la douce plainte que dans l'élan du désespoir, Franco Fagioli parvient à incarner Orphée avec une grande sensibilité pour se fondre dans le chagrin inconsolable de son personnage. Le pouvoir extatique de sa voix somptueuse et incandescente nous fait vivre une soirée d’exception. Deux heures de technique époustouflante dans l’enchaînement des airs plus virtuoses les uns que les autres du chef-d’œuvre de Gluck.
Corps frémissant, expression enfiévrée et regard éploré, Franco Fagioli aborde le rôle d’Orphée avec une telle intensité, un tel engagement dramatique et une telle virtuosité que l’émotion est grandissante. La prestation est exceptionnelle et nous partageons les mille tourments du poète musicien mortifié. Du très grand art.

On connaît le célèbre mythe d’Orphée et Eurydice qui incarne l’amour passionnel jusqu'aux Enfers. Orphée désespéré par la mort d’Eurydice le jour de leur union réussit à fléchir les dieux par ses pleurs et son chant. Il va la chercher jusqu'aux enfers et obtient la permission de la ramener sur terre à condition de ne pas la toucher, ne pas lui parler ni se retourner avant d’être revenu dans le monde des vivants. Mais il se retourne. Il perd définitivement son épouse et meurt. Dans son œuvre, Gluck a choisi une fin heureuse dans laquelle l’Amour est touchée par le désespoir d’Orphée et redonne vie à Eurydice.

Franco Fagioli © Julian Laidig
Entièrement livré à sa douleur, Orphée ne fait que répéter le nom d’Eurydice. Dès l’entrée de Franco Fagioli dans le chœur, nous sommes électrisés par cet appel désespéré de l’aimée qui résonne dans les poignants "Eurydice". Puis, très à l’aise dans cette partition hérissée de difficultés, il affronte les suraigus et plonge dans les graves profonds avec un souffle et une cadence qui ne faiblissent pas. La beauté de cette voix qui s’épanouit sur trois octaves est une véritable révélation. L’air de bravoure qui conclut l'acte I "L’espoir renaît dans mon âme" déclenche une première ovation. Comme dans la légende d’Orphée, Franco Fagioli est capable de faire pleurer les hommes et attendrir les dieux.

Malin Hartelius (Eurydice) et Emmanuelle de Negri (l'Amour)
Les sonorités de l'Insula Orchestra sous la direction de Laurence Equilbey sont pleines de nuances et les harmoniques accompagnent les chanteurs avec mordant. Emmanuelle de Negri incarne l’Amour et Malin Hartelius est Eurydice. Toutes deux charment l’auditoire par leur timbre enchanteur et par leur beauté. Un bis de la dernière mesure est offert au public et une ovation consacre ce concert et Franco Fagioli, visiblement ému.   


Orfeo ed Euridice de Christoph-Willibald Gluck (1714-1787)
Concert de la version originale de Vienne (1762)
Opéra de Versailles, le 7 novembre 2013

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Franco Fagioli dans Artaserse de Vinci en 2012 
© FrancoFagioli.com
Né en Argentine en 1981, Franco Fagioli est l’un des cinq contre-ténors de l’équipe de choc qui a triomphé dans le bouillonnant et pailleté Artaserse de Vinci en 2012. Il avoue volontiers que ce rôle d’Arbace est arrivé au bon moment pour donner un coup de pouce à sa carrière.

Après des études de piano dans sa ville natale de San Miguel de Tucumán, il suit une formation vocale à l’Instituto Superior de Arte du mondialement célèbre Teatro Colón de Buenos Aires et commence à se spécialiser dans le registre de contre-ténor. Il se produit rapidement dans de grandes salles et des festivals où il fait sensation. En 2003 il remporte le prestigieux concours "Bertelsmann Neue Stimmen". Révélé par ce prix, il se produit sous la baguette des plus grands chefs baroques. En 2005, Marc Minkowski le dirige dans le rôle-titre de Giulio Cesare à Zürich, face à la Cléopâtre de Cecilia Bartoli. Ensuite il chante Haendel (Ariodante, Serse, Ruggiero), Mozart (Sesto, Idamante) et Rossini (Arsace, Malcolm, Tancredi).

En septembre dernier est paru un disque consacré à des airs écrits pour Caffarelli, célèbre castrat italien du XVIIIe siècle et grand rival de Farinelli. A l’époque, Caffarelli chante des airs d'une difficulté extrême avec une incroyable virtuosité. 300 ans plus tard, Franco Fagioli ressuscite ce répertoire avec cette virtuosité reconnue mondialement.  

Sur scène, il chantera de nouvelles représentations d’Artaserse de Vinci à l’Opéra Royal de Versailles en mars 2014 et Sesto dans la Clemenza di Tito de Mozart à l’Opéra de Nancy en mai 2014.


"Vo solcando un mar crudele"
Aria de Arbace dans Artaserse de Vinci (Nancy 2012)


"Dopo notte" dans Ariodante de Haendel
Concert de Karlsruhe en 2012


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