Kristine Opolais

Profession : Thrilling soprano


Kristine Opolais ©Marco Borggreve
14 août 2015
Kristine Opolais vient d’être follement acclamée lors de deux productions de Manon Lescaut de Puccini. Coupée du monde mais enserrée dans les bras de Jonas Kaufmann, toute l’émotion de scène était contenue dans leurs étreintes. Un couple vocal incandescent était né. Unis dans le lyrisme à Londres, Munich, et en mars prochain dans une nouvelle production à New York.

Elle fait partie de cette génération d’interprètes qui ne séparent pas voix et théâtre et qui, en scène, s’avèrent de sidérants chanteurs-acteurs. Elle partage avec le beau Jonas la puissance pure du chant sur notre plexus solaire et la particularité d’extraire son âme pour être à la hauteur du rôle. 
Portrait d’une thrilling soprano (*) à la voix voluptueuse qui voue une passion à Puccini. Elle multiplie les incarnations de ses héroïnes où ses effusions dramatiques font des merveilles : Mimi, Cio-Cio San, Floria Tosca, Magda et Manon.


Madame Butterfly - Munich -  © Horban
Credo : "I suffer for real when I’m singing Butterfly" ("je souffre vraiment en chantant Butterfly"). Lorsqu’elle incarne Cio-Cio-San pour la première fois au Met en 2014, elle confie que le défi est plus émotionnel que vocale. "Je ne joue pas sur scène, je vis la situation. Je ne peux pas me couper de mes émotions pour chanter et je ne me ménage jamais. Ma vie artistique en sera probablement écourtée, mais toute émotion est réelle pour moi. C’est ma vie et mon âme." Une artiste aussi frémissante et exaltée sur scène que chaleureuse et enjouée dans la vie, et d’une beauté irradiante. 

Naissance : Dans une petite ville à proximité de Riga en Lettonie, il y a 35 ans. Une voix de soprano héritée de sa mère qui chante merveilleusement bien mais qui a échoué à devenir chanteuse.

Situation de famille : Mariée à son compatriote et grand musicien qui sait lui aussi enflammer l’orchestre, le chef Andris Nelsons, directeur musical du Boston Symphony Orchestra. Une fille de 4 ans. 

Rusalka de Dvorak 
Bayerische Staatsoper  © W. Hoesl
Débuts
Après une apparition à 16 ans dans un "stupide concours de beauté", il lui faut quelques années pour trouver LE professeur avec qui s’engager. A 21 ans elle rejoint le chœur de l’Opéra de Riga et devient soliste quatre ans plus tard. Puis le moment du changement arrive lorsque son amie et collègue mezzo-soprano Elina Garança - autre étoile de Lettonie - lui présente Margreet Honig à Amsterdam. Elle trouve alors sa "voix" : "Avec Margreet, j’ai trouvé le répertoire que je devrais chanter - pas dramatique, pas lyrique, mais entre les deux, ce que les Italiens appellent spinto. Elle m'a aussi calmée car j’étais trop émotive à propos de tout ".

Facebook Friends : Elina Garança, Jonas Kaufmann, son teacher tenor qui l’encourage et veille sur "la petite soprano à l’aube de sa carrière internationale" lors des répétitions londoniennes de Manon Lescaut.

Signe particulier : Experte en remplacement de dernière minute que personne n’accepterait. 
Manon Lescaut avec Jonas Kaufmann
Bayerische Staatsoper D.R.
- En avril 2014, le lendemain de la première de Madame Butterfly à New York, elle accepte de chanter dans La Bohême, remplaçant au pied levé la soprano souffrante. Réveillée au petit matin d’une nuit écourtée par l’adrénaline, elle consent à endosser les habits de Mimi. Pour la première fois dans l’histoire du Met, une artiste chantait Cio Cio San et Mimi à moins de 24 heures d’intervalle.
- En novembre, elle saute dans l’avion pour rejoindre Munich car Anna Netrebko abandonne la production de Manon Lescaut deux semaines avant la première. Toute à sa joie de retrouver Des Grieux/Kaufmann, elle abandonne le rôle de Mimi à Sonya Yoncheva sur la scène du Met.
- En avril dernier, suite au forfait de la soprano Olga Guryakova, elle fait ses débuts imprévus mais remarqués dans Rusalka de Dvorak à l’Opéra de Paris, le rôle qui l’a fait découvrir à Munich. 

Carrière

Elle commence sa carrière à l’Opéra National de Lettonie, avec Mimi et Musetta (La Bohème), Violetta (La Traviata), Tatyana (Eugène Onéguine), Liza (La Dame de pique) et Cio-Cio-San (Madame Butterfly). 


Avec Giuseppe Filianoti dans La Rondine de Puccini
© Ken Howard/Metropolitan Opera
Puis les scènes internationales : Paulina (Le Joueur) et Nedda (Pagliacci) à la Scala de Milan, Vitellia (La Clemence de Titus), Tatyana, Rusalka et Amelia Grimaldi (Simon Boccanegra) à Munich, Mimi à Vienne, Desdemone (Otello) à Hambourg, Jenufa à Zürich, Tosca et Mimi à Berlin, Magda (La Rondine) et Cio-Cio-San à New York, Manon à Londres et Munich.




Projets
D.R.
Maintenant, elle dit se sentir plus confiante sur son chemin, construisant lentement les héroïnes de Puccini. Dans trois ans, elle chantera les trois rôles féminins du Tryptique, et elle est très tentée par Minnie de La Fanciulla del West.
En octobre prochain, elle sera Marguerite dans Mefistofele de Boito (**) puis elle abordera le répertoire français avec La Juive d’Halévy en juin 2016, les deux à Munich, là où elle réside désormais. Ensuite, il y aura Thaïs de Massenet et Wagner, avec Elsa dans Lohengrin en 2018.


Enregistrements
Le Joueur de Prokofiev à Berlin en 2008, Don Giovanni de Mozart à Aix en 2010, Rusalka de Dvorak à Munich en 2010, Eugène Onéguine de Tchaikovski à Valence en 2011, Simon Boccanegra de Verdi à Vienne en 2013, et en septembre Manon Lescaut de Puccini à Londres en 2014. 


(*) Thrilling : saisissant, troublant, palpitant,...
(**) en web streaming depuis Munich le 15 novembre 2015 aux côtés de Joseph Calleja et René Pape.

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