La Flûte enchantée à Bastille

La poésie du théâtre de Robert Carsen

Au 1er rang: Pavol Breslik, Kate Royal, Sabine Devieilhe
et René Pape.
24 février 2017: Dans un monde enchanté s’affrontent les puissances obscures de la Reine de la Nuit et celles du Sage Sarastro, entouré de ses adeptes. À l’issue d’un parcours semé d’épreuves, le jeune prince Tamino accède à la vraie sagesse dévoilée aux initiés.
La Flûte enchantée de Mozart est un Singspiel, une espièglerie destinée à divertir un public populaire élevée au rang de conte initiatique par le génie de Mozart. 
Avec cette production créée à Baden-Baden en 2013, Robert Carsen nous invite à une relecture aussi attachante qu’esthétisante, oscillant entre ombre et lumière et dans l’omniprésence de la mort. 
Depuis un soir de 1791, Pamina et Tamino doivent affronter les épreuves pour accéder à la connaissance et l’amour. Aborder ces défis implique qu’ils risquent leur vie, n’ayant pour seules armes que leur amour et une flûte, la musique. "Grâce au pouvoir de la musique, nous marchons avec joie à travers la nuit sombre de la mort". 
L’amour et la musique pour accéder au plus noble sens de l’existence et être confrontés à la vie comme à la mort. Tout cela est très bien dit au fil de la production de Robert Carsen et c’est autour de la fosse d’orchestre que tous les protagonistes habillés de blanc viendront chanter la victoire des lumières sur les ténèbres. 

Les spectateurs du 30 septembre 1791 ne savent pas qu’ils vivent un moment historique. Bourgeois, commerçants, valets et servantes se pressent au Theater auf der Wieden car Mozart va diriger la première de La Flûte enchantée, mais son dernier opéra. 
Il est passé au théâtre pour apporter aux musiciens la partition de l’ouverture qu’il a terminée dans la nuit de la Générale. Tout est en place. On leur avait dit que cette Flûte enchantée leur serait familière et c’est un triomphe immédiat.
Ils ne savent pas que Mozart, malade et trop fatigué pour quitter son lit, ne dirigera que les deux premières représentations. Il mourra quelques mois plus tard pendant la 67ème représentation qu’il suivait en pensée de son lit, comme toutes les représentations, disant : "C’est l’heure de l’air de la Reine de la nuit… Voici qu’entre Sarastro…"
Le sens de cette musique composée par un musicien qui s’approchait de sa propre mort n’en est que plus émouvant.

Une distribution de haut vol pour cette reprise de l’Opéra de Paris : Pavol Breslik (Tamino), Kate Royal (Pamina), Florian Sempey (Papageno), Sabine Devieilhe (La Reine de la Nuit), René Pape (Sarastro) et José Van Dam dans la courte apparition du récitant. Direction d’Henrik Nánási.

De g. à dte: Sabine Devieilhe, Florian Sempey, Kate Royal, 
Henrik Nánási, Pavol Breslik et René Pape.
La Flûte enchantée, Opéra de Paris, 3 février 2017


Photos © Espace Lyrique

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